Il existe, dans l’Eglise catholique, trois pratiques hypocrites et cela depuis sa fondation :
- La loi du silence
- La culture du secret
- La double vie
Si l’on y ajoute les engagements à l’obéissance, au célibat et à la pauvreté – faisant partie du système qui a permis les abus sexuels et spirituels dans cette même Eglise depuis sa fondation – la coupe est pleine (voir ci-dessous)
« Catholicisme : le silence systémique traduit une peur maladive du débat » (Marc Leboucher, La Croix, 30/11/2022, vers l'article)
Pourquoi taire les choses les plus graves ? Le silence ne contribue-t-il pas à perpétuer la souffrance ? Des années 1950 aux années 1980, des prêtres catholiques ont commis de nombreux abus sexuels sur de jeunes garçons
dans plusieurs villages francophones du Nouveau-Brunswick. Mis au grand jour alors que les victimes avaient atteint la cinquantaine, ces scandales ont provoqué effarement et indignation dans les médias et l’opinion publique.
Pourquoi les communautés affectées ont-elles si longtemps préféré le secret à la justice et à la vérité ? Profitant de leur influence pour imposer un « silence pieux » à leurs paroissiens, plusieurs figures
d’autorité ont construit une véritable structure d’abus qui témoigne tout autant des oppressions propres aux populations acadiennes que du déni systémique de l’Église catholique. Interpellée par la puissance du
silence collectif, la cinéaste chevronnée Renée Blanchar cherche à en démêler les causes profondes en allant à la rencontre des survivants. Avec le film Le silence, elle nous amène au plus près de l’humanité de ces
hommes brisés, et révèle ce qui unit et désunit, hier comme aujourd’hui, les communautés acadiennes. (Renée Blanchard, ONF, 2020, vers le film "Le silence")
Il existe, dans l’Eglise catholique, trois pratiques hypocrites et cela depuis sa fondation :
- La loi du silence
- La culture du secret
- La double vie
Si l’on y ajoute les engagements à l’obéissance, au célibat et à la pauvreté – faisant partie du
système qui a permis les abus sexuels et spirituels dans cette même Eglise depuis sa fondation – la coupe est pleine.
Communication catholique et pédocriminalité des prêtres : « Il y a somme toute quelque chose de paradoxal à parler de la communication catholique. Car le rapport de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) montre que l’Église catholique, dans bien des cas, n’a pas communiqué, volontairement. Les affaires ont été tenues au secret. Les choses se sont dites discrètement, à mots couverts. Il fallait éviter de faire du bruit, éviter que ça se sache. Éviter la communication, donc. Éviter le scandale, car ce terme se trouve dans l’évangile.
...
Il importe donc de communiquer sur le religieux, qui a ses silences, et ne tient pas toujours la promesse qu’il porte, et d’interroger autant ses communications, internes et externes, que sa non-communication, et, peut-être, de dialoguer avec lui, s’il consent à une relation égalitaire, ainsi qu’au débat. » (David Douyère, theconversation.com, 16/11/2021, vers l'article)
Et puisque au séminaire, le « mismatching » est utilisé pour apprendre aux séminaristes à se soumettre, j'en déduis que la communication n'existe pas au séminaire.
Martin Scorsese fait du jésuite James Martin une "star" de cinéma et un modèle : « Dans d'autres tragédies par armes à feu, les évêques américains et les évêques locaux diront que nous sommes aux côtés des victimes, où que ce soit. Je ne pouvais pas croire qu'il n'y avait qu'une poignée d'évêques qui disaient quoi que ce soit. C'était à l'époque la plus grande fusillade de masse de l'histoire des États-Unis. Et ils se taisaient. »... «Cela m'a vraiment mis en colère que même dans la mort, ces personnes étaient en grande partie invisibles pour l'Église». Building a Bridge documente avec force ses efforts pour changer cela, pour diffuser un message d'inclusivité dans une tradition religieuse qui a longtemps considéré l'homosexualité comme une «abomination» (paroissiens-progressistes, 7/7/2021)
Parolin : «Les erreurs et les scandales ne doivent pas être couverts, mais reconnus et corrigés ou punis, à la fois dans le domaine économique et ailleurs. Nous sommes bien conscients que la tentative de cacher la vérité ne conduit pas à guérir la perversité, mais à l’augmenter et à l'aggraver». (paroissiens-progressistes, 28/8/2020)
Relaxe du cardinal Barbarin par la Cour d’appel de Lyon - Aux confins de l’interprétation stricte de la loi pénale
« Un pourvoi en cassation a été formé par les parties civiles. »
…
« Or, si la loi se doit d’être générale et impersonnelle, certains cas nécessitent assurément une intervention singulière du législateur, intervention intégrant malgré tout un certain sens moral en faisant à nouveau évoluer le délai de prescription en matière d’atteintes sexuelles sur mineur et de l’ensemble des infractions pouvant s’y rapporter. » (Virginie Jeanpierre, Doctrin'Actu, 20/3/2020)
Pour ce qui est de la « prescription » à laquelle Christophe Henning fait allusion dans le journal La Croix du 1/12/2019, sa nature pose problème comme expliqué ci-dessous :
Le délit étant celui de « manquement à l’obligation de dénonciation », la Cour d’Appel a reconnu que ce délit est « constitué ».
Mais dans ses attendus, la Cour d’Appel a estimé que ce délit était « prescrit ».
Or s’agissant de ce délit en particulier, il me semble très important de tenir compte des conclusions de la Mission de consensus ci-dessous (voir http://www.laparoleliberee.org/les-dossiers-juridiques ) :
«
La proposition de loi issue de ces travaux [Mission de consensus] prévoit notamment :
…
…
- d'affirmer le caractère continu de l'infraction de non-dénonciation des agressions et atteintes sexuelles commises à l'encontre des mineurs afin de reporter le point de départ du délai de prescription au jour où la situation illicite prend fin (art 6).
La loi a été adoptée le 3 août 2018.
»
Car c’est précisément le « caractère continu de l’infraction de non-dénonciation » qui est primordial, à mon avis, dans la reconnaissance du délit.
En effet, les infractions à caractère instantané sont seules susceptibles, à mon avis, d’être prescrites, à l’exclusion des infractions à caractère continu.
Puisque dans le cas d’une infraction à caractère continu – en particulier dans le cas d’une infraction de non-dénonciation d’un crime de pédocriminalité – le point de départ du « délai de prescription » doit être reporté au jour où la situation illicite prend fin – voir (art 6) ci-dessus – il faut en déduire, à mon avis, que dans ces conditions,le concept classique de prescription ne s’applique pas.
Autrement dit, les infractions de non-dénonciations de crimes de pédocriminalité n’appartiendraient pas au champ d’application de la prescription.
Il en résulte dès lors que le délit de non-dénonciation de crime de pédocriminalité une fois « constitué » ne pourrait plus être remis en question – au titre d’un silence illégalement observé.
Pour le manquement à une obligation légale de dénonciation, la notion de prescription perd sa raison d’être
Dans le cas particulier de la non dénonciation d’un viol, l’écoulement du temps va entraîner un prolongement de la période de non dénonciation du viol. Or tout prolongement de la période de non dénonciation correspond à une « récidive » implicite et continue de non dénonciation, ladite non dénonciation constituant cette fois l’infraction. Pareilles conditions de « récidive » implicite et continue de l’infraction sont à l’exact opposé d’une infraction qui « plongerait dans l’oubli », faisant perdre du même coup toute « raison d’être » à la notion de prescription dans ce cas particulier.
Le procès du cardinal Barbarin est celui du silence de l’Église : « Puis on apprend que l’évêché a fait appel à une entreprise de communication spécialisée dans la gestion de crise de multinationales. Bref, le cardinal donne l’impression de se préoccuper beaucoup plus de l’image de l’Eglise que de son repentir. ... Le procès du silence de l’Église [à partir du 7/1/2019] durera trois jours devant le Tribunal correctionnel de Lyon. D’ores et déjà, il est certain qu’il fera beaucoup de bruit… » (Alain Rebetez, 24heures.ch, 6/1/2019, vers l'article)
Pédophilie à Lyon: Le pourvoi en cassation du père Preynat rejeté (20minutes.fr, 13/10/2016)